COOPÉRATION JUDICIAIRE: Vers une expulsion de Macky Sall du Maroc ?

Les autorités sénégalaises auraient saisi le royaume du Maroc d’une requête pour sa collaboration à l’extradition du président Macky Sall, en cas de saisine de la justice sénégalaise.

L’information est donnée par un site mauritanien, Pointschauds.info, dans la soirée du 4 mars. «Macky Sall persona non grata au Maroc : une décision pour éviter un «revers inouï» dans les relations maroco-sénégalaises», a titré le site. L’article fait savoir que le royaume du Maroc a informé de manière discrète l’ancien président sénégalais, Macky Sall, qu’il n’était plus le bienvenu sur son territoire et qu’il devait quitter le pays. Selon des sources évoquées par l’auteur de l’article, les nouvelles autorités sénégalaises auraient transmis au Maroc, via les canaux diplomatiques, un message clair : ‘’Rabat devrait impérativement collaborer à l’extradition de Macky Sall s’il venait à être réclamé par la justice sénégalaise, sous peine de voir les relations entre les deux pays connaître un revers inouï’’. Toujours selon le site, le Maroc, soucieux de préserver ses relations avec Dakar, aurait choisi de prendre ses distances avec l’ancien président sénégalais, installé à Marrakech depuis son départ du pouvoir il y a près d’un an.

Cette requête des autorités sénégalaises intervient au moment où, après la publication du rapport de la Cour des comptes mettant à nu des malversations et falsifications des finances publiques par le régime sortant, la mise aux arrêts du président Macky Sall est de plus en plus agitée par le régime en place et réclamée par une partie de la population. Et certains actes posés renforcent le soupçon.

Après son adoption en Conseil des ministres du 22 janvier dernier, l’Assemblée nationale sénégalaise sera en séance plénière mardi 11 mars prochain pour examiner le projet de loi n°03/2025 autorisant le Président de la République à ratifier la Convention signée le 17 décembre 2004 à Rabat entre le Sénégal et le Maroc, portant sur l’assistance aux personnes détenues et le transfèrement des personnes condamnées. Cet accord vise à améliorer la prise en charge des citoyens des deux pays en situation de détention en facilitant leur transfèrement vers leur pays d’origine pour y purger leur peine. Si beaucoup estiment que cette convention vise Macky Sall en vue d’une prochaine extradition, la présidente de la Commission des affaires étrangères, des sénégalais de l’extérieur et de l’intégration africaine, interpellée sur la question, a assuré que l’ancien président n’est pas concerné, car ce projet de loi consiste à porter assistance aux personnes détenues. «Il s’agit aussi d’effectuer le transfèrement

des personnes condamnées, a précisé Mme Fatou Diop Cissé Goudiaby. Et à ce jour, je ne pense pas que l’ancien président de la République ait été jugé et condamné. Comme ce n'est pas le cas, je pense que ce sujet concerne nos frères et sœurs qui ont déjà eu des condamnations définitives.»

Seulement, la plupart des responsables du régime en place sont convaincus que le président Macky Sall devra impérativement répondre de ses actes de mauvaise gestion et de dilapidation des deniers publics. Le ministre porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndieck Sarré a déclaré que Macky Sall ne pouvait pas échapper à la justice. «Si ce que la Cour des comptes a certifié est transmis aux autorités judiciaires, il devra répondre devant la justice, car nous savons tous qu’aucun acte de malversation ne peut être posé sans qu’il en soit informé. (…) Il ne peut pas échapper à la justice parce que c’est lui qui était derrière tout ça. Il est, en quelque sorte, le chef de gang.» Un projet voué à l’échec, à en croire le responsable apériste, Bassirou Kébé, qui estime que les accusations portées contre Macky Sall relèvent davantage d’une vendetta politique que d’une véritable volonté de justice.

« Le président Macky Sall n’est cité nulle part dans ce rapport. En plus, il n’y a pas eu de principe de contradiction, car on n’a pas entendu la version des anciens responsables. Ces écarts sont des anomalies comptables, pas des détournements. Ils peuvent utiliser les moyens juridiques à leur disposition, mais je ne pense pas qu’ils réussiront à poursuivre Macky Sall», a-t-il déclaré dans un entretien sur la Radio Sénégal international (Rsi). «Je n’ai peur de rien. S’ils veulent me poursuivre, qu’ils le fassent», a réagi Macky Sall.

Abdou FALL