Certification des comptes de l’État : Pape Malick subodore une falsification de la dette

La BCEAO a récemment publié ses statistiques sur la balance des paiements, lesquelles ont été largement reprises par le gouvernement avec une communication particulièrement enthousiaste. Félicitations pour l’effort de communiquer sur des résultats de l’année 2023, performance du régime précédent. Toutefois, par souci de transparence surtout dans un contexte marqué par l’attente de la certification des comptes de l’État et des accusations de manipulation des chiffres, le gouvernement aurait dû informer le public sur ces quatre (04) points essentiels.

1. La balance des paiements, à travers son compte financier, retrace l’ensemble des flux financiers entrants et sortants du pays. Cela inclut non seulement les emprunts et les remboursements de la dette publique extérieure, mais aussi les transactions de dette réalisées par d’autres agents économiques vis-à-vis du reste du monde.

2. Les statistiques de la balance des paiements ne sont pas fournies par les États eux-mêmes, mais sont exclusivement établies par la BCEAO, en conformité avec l’article 44 de ses statuts. Cet article stipule que : « La Banque Centrale assure l’établissement de la balance des paiements des États membres de l’UMOA, dans les conditions définies par la réglementation de leurs relations financières extérieures ». Il est donc impératif de souligner que la responsabilité de produire ces statistiques incombe exclusivement à la BCEAO. Cette mission est confirmée par l’article 1 de l’annexe 3 du Règlement R09/98/CM/UEMOA du 20 décembre 1998 relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’UEMOA.

3. La direction nationale de la BCEAO, dans le cadre de l’élaboration de la balance de paiement, a la responsabilité de compiler et de traiter les données relatives à la dette extérieure. En outre, la BCEAO s’assure de la cohérence des données de la dette extérieure en les confrontant avec d’autres séries statistiques, y compris celles contenues dans les comptes de dépôts des États auprès de ses livres et ou des banques centrales étrangères. Ainsi, la BCEAO détient tous les leviers nécessaires pour garantir la fiabilité des informations présentées par ses filiales nationales.

4. En se basant sur le document méthodologique relatif à l’élaboration de la balance des paiements, on peut dire qu’Aminou Lo, Directeur national de la BCEAO, joue un grand rôle dans la collecte, la validation et la fourniture des statistiques, notamment celles concernant la dette extérieure.

Dans ce contexte, il est légitime de se poser un certain nombre de questions importantes :

1. Pourquoi l’État du Sénégal n’a-t-il pas contesté les statistiques de la balance des paiements publiées par la BCEAO, lorsqu’il nous fait croire qu’une partie de la dette extérieure a été omise ou dissimulée ?

2. Pourquoi la BCEAO, en s’assurant de la cohérence entre les statistiques de la dette publique fournies par sa direction nationale et celles provenant de ses autres sources de données, n’a-t-elle pas repéré des incongruités ? L’institution a-t-elle été complice ou simplement incompétente dans son rôle de vérification des données financières relatives à la dette ?

3. Le secrétaire général du gouvernement, ancien Directeur national de la BCEAO, peut-il nous regarder les yeux dans les yeux et affirmer que la balance des paiements est valide, même si des erreurs manifestes ont été faites concernant les statistiques de la dette extérieure ? Est-il crédible de prétendre que les chiffres relatifs à la dette peuvent être erronés sans que cela n’impacte la validité globale de la balance des paiements ?

4.Valider une balance de paiement qui ne conteste pas les chiffres de l’ancien régime ne revient pas simplement à valider le taux d’endettement et les chiffres sur l’encours de la dette déjà fournis par l’Etat du Sénégal aux organismes communautaires dans le cadre de la surveillance multilatérale?

Ceux qui voudront m’apporter la contradiction peuvent télécharger sur le site de la BCEAO les documents suivants: les statuts de la BCEAO, le règlement R09/98/CM/UEMOA et les éléments méthodologiques d’élaboration des balances de paiements au sein des pays membres de l’UEMOA.

Bon jeudi, Gatqa gatsa d’idée….