ALLUSION FAITE AUX BAYE FALL : Cheikh Thioro Mbacké tancé
Pour avoir fait allusion aux Baye Fall et dénoncé leur propension à ajouter aux policiers et aux gendarmes alors qu’ils ne sont que des civils, le député Cheikh Thioro Mbacké a été, cette semaine, la cible de critiques sévères. À Touba, on considère qu’il a raté sa rentrée à la 15ème législature.
La déclaration de Serigne Cheikh Thioro Mbacké lors de la DPG du Premier ministre Ousmane Sonko s’offusquant de la présence Baayfaal à la place des policiers et gendarmes à Touba n’a pas été du goût de l’écrasante majorité des dignitaires mourides. En effet, le député, en disant que c’est anormal de laisser des civils corriger des civils comme eux en cas de comportement indécent, à touche un point sensible car faisant allusion aux Baye Fall, les seuls civils qui agissent dans le domaine de la sécurité aux côtés des policiers et gendarmes. Cette sortie a été considérée comme un désaveu à l’encontre de cette communauté à qui le khalife général des Mourides a confié certaines tâches dont celles de veiller au respect de la réglementation religieuse au sein du périmètre sacré de Touba.
Dans des prises de positions diverses, variées et tranchées, des chefs religieux de la famille Mbacké se sont offusqués de cette déclaration qu’ils jugent déplacée et irrespectueuse. C’est le cas de Serigne Abô Madyana Mbacké qui corrige le député de Pastef en lui rappelant que la police et la gendarmerie disposent de plusieurs postes et de brigades à Touba. « En quoi, ils sont suppléés dans leur mission de sécurisation. Les Baye Fall préservent la sacralité de Touba et non la sécurité des populations. Donc, c’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle pour qui considère qu’ils se chargent de certaines tâches sécuritaires ». Serigne Saliou Mbacké Amsa a embrayé pour passer à une vitesse supérieure lorsqu’il demande à Cheikh Thioro de ne pas provoquer des distorsions entre ses leaders politiques et le guide spirituel de Touba. « Abdou Diouf et Serigne Abdou Lahad avaient réussi à harmoniser leurs positions sur le cas Touba. L’homme politique avait compris que Touba est une maison d’un guide spirituel qui a voulu fuir Satan et les hommes. Cette maison est devenue une cité profondément religieuse avec l’Islam comme unique référentiel. L’alcool est toléré partout ailleurs au Sénégal sauf à Touba. Cela procède de la volonté de Serigne Touba qui s’est isolé de tout. Celui qui veut citer à ses côtés devra s’accommoder de ses prescriptions ».
Pourtant le député de Pastef a reçu un soutien de taille. C’est celui du leader politique Mouhamed Cissé. L’ancien de Rewmi, désormais proche de Barthélémy Dias, dans un message, dénonce les critiques adressées à Cheikh Thioro, validant ces propos. « En tant que fils de ce département, je suis profondément préoccupé par l’insécurité qui règne dans la commune de Touba. En effet, je suis entièrement en phase avec Cheikh Thioro et lui manifeste tout mon soutien et mes encouragements pour qu’il aille jusqu’au bout de ses idées. Bien que je ne sois pas du même bord politique que lui et que je reste un opposant radical du régime, la vérité demeure la vérité, quel que soit l’angle sous lequel nous la considérons. Je l’ai déjà dit et je le répète aujourd’hui, de simples civils dépourvus de toute formation sécuritaire ne peuvent pas assurer la sécurité publique de la ville de Touba. Il suffit de constater le nombre de morts déjà enregistrés sans aucune suite judiciaire pour en témoigner. Par conséquent, si l’État ne prend pas ses responsabilités et ne joue pas son rôle de régulateur, il sera responsable des conséquences potentielles d’un soulèvement des jeunes. En outre, il est essentiel de dépassionner le débat pour mieux cerner la question sécuritaire à Touba. Cette image, comparable à celle des milices, n’honore pas notre communauté et va à l’encontre de l’enseignement de notre guide suprême, Cheikh Ahmadou Bamba. En tant que fils de la communauté et acteur politique, je me positionne comme un lanceur d’alerte face à tout débâcle qui nous guette ».
Aujourd’hui plus que jamais, la polémique enfle.