Ce mardi 26 novembre 2024, les organisations féministes sénégalaises ont tenu une conférence de presse à Fun City Dakar dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles. Sous le thème fédérateur « Face à la violence, une riposte collective », les militantes ont dressé un constat accablant de la situation des droits des femmes au Sénégal tout en appelant à une mobilisation urgente et inclusive pour inverser la tendance.
Maya, figure emblématique du mouvement féministe sénégalais, a ouvert la rencontre en dénonçant l’ampleur des violences subies par les femmes et les filles à travers le pays. « La situation est alarmante. Nous assistons à une recrudescence inquiétante des viols, des violences conjugales et des maltraitances, alors même que les associations peinent à obtenir les ressources nécessaires pour intervenir efficacement », a-t-elle déclaré d’un ton grave.
Elle a également souligné que la criminalisation du viol en 2020, bien que saluée à l’époque, n’a pas produit les effets escomptés. « Cette loi n’a ni dissuadé les auteurs de violences ni conduit à des condamnations exemplaires. L’impunité reste la norme, renforçant ainsi un système patriarcal profondément enraciné. » Maya a rappelé que les engagements pris par l’État sénégalais restent souvent sans suite, notamment l’application du protocole de Maputo, qui peine à devenir une réalité tangible.
Des exemples tragiques qui interpellent
Les intervenantes ont mis en lumière des cas récents qui illustrent la gravité de la situation. Parmi eux, le cas de Dieynaba Ndiaye, une survivante de violences conjugales aujourd’hui injustement emprisonnée, a provoqué une vive indignation. « Comment expliquer qu’une victime se retrouve derrière les barreaux? Cette affaire est le reflet criant des dysfonctionnements de notre système judiciaire », a fustigé Maya. Autre exemple poignant: une fillette de 9 ans, tombée enceinte après des viols répétés, un cas qui soulève des questions sur le rôle et la responsabilité de l’État dans la protection des enfants. « Cette situation est une honte nationale. La vie de cette enfant est en péril, et l’indifférence des autorités face à ces drames est tout simplement insupportable », a-t-elle ajouté.
Un thème fédérateur pour une mobilisation collective
Sous le thème « Face à la violence, une riposte collective », les organisations féministes ont insisté sur l’urgence d’une mobilisation de toutes les parties prenantes: société civile, institutions publiques, secteur privé et citoyens. « Il est impératif de déconstruire les normes patriarcales, de garantir des financements suffisants et d’améliorer la protection juridique des femmes et des filles », a plaidé Maya.
Elle a également dénoncé l’exclusion des organisations féministes des récentes assises sur la réforme de la justice, une initiative pourtant cruciale pour la défense des droits humains. Comment peut-on réformer la justice sans inclure celles qui sont en première ligne dans ce combat ? Cette marginalisation est une insulte aux luttes féministes, a-t-elle conclu.
Cette édition 2024 des 16 jours d’activisme se veut un tournant décisif dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Les organisations féministes ont réitéré leur appel à l’État sénégalais pour qu’il traduise ses engagements en actions concrètes. Elles exhortent également la société civile à s’unir pour créer une riposte significative et durable face à ces injustices. Alors que les femmes continuent de payer un lourd tribut dans un système qui les abandonne trop souvent, cette conférence de presse a servi de rappel puissant: seule une riposte collective, structurée et inclusive pourra garantir la dignité et les droits fondamentaux des femmes et des filles sénégalaises.