Publication d’un livre sur la Casamance : l’auteure n’exclue pas de porter plainte

Séverine Awenengo Dalberto auteure du livre « L’idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal », publié par les éditions Karthala a indiqué qu’elle n’excluait pas de porter plainte après les attaques dirigées contre le livre et sa personne. « Les accusations qui me visent — prétendant que je serais financée par l’État sénégalais, que je prônerais l’indépendance de la Casamance ou encore que je serais une ‘rebelle’ — non seulement ternissent ma réputation, mais alimentent un climat potentiellement dangereux pour ma sécurité et mon intégrité physique. Je n’exclus pas aujourd’hui à la possibilité de saisir la justice sénégalaise pour garantir ma protection et rappeler à la responsabilité les auteurs de ces propos » a-t-elle menacé.

Depuis l’annonce de la sortie et de la présentation de ce dernier ouvrage, l’auteur dénonce des commentaires malveillants et infondés. « Historienne depuis plus de vingt ans, je me consacre à l’étude de l’histoire du Sénégal, et ce livre examine la genèse de l’idée d’une Casamance autonome principalement durant la période coloniale française – une recherche entamée au début des années 2000. Mon travail est strictement historique. Nommer l’objet de son étude ne signifie en aucun cas défendre une quelconque position politique, et il est déconcertant que certains interprètent autrement ce travail académique. Un historien de la guerre qui publierait un ouvrage intitulé L’idée de la guerre serait-il nécessairement accusé de promouvoir la violence ? » s’est-elle défendue

Les attaques dirigées contre le livre et sa personne poursuit-elle, « que l’on peut lire et entendre dans la presse, à la télévision, ou via des communiqués et les réseaux sociaux, relèvent de la diffamation, passible de sanctions selon le code pénal sénégalais en son article 258. Les accusations qui me visent — prétendant que je serais financée par l’État sénégalais, que je prônerais l’indépendance de la Casamance ou encore que je serais une ‘rebelle’ — non seulement ternissent ma réputation, mais alimentent un climat potentiellement dangereux pour ma sécurité et mon intégrité physique. Je n’exclus pas aujourd’hui à la possibilité de saisir la justice sénégalaise pour garantir ma protection et rappeler à la responsabilité les auteurs de ces propos ».

Enfin dira Mme Dalberto il est essentiel de préserver la rigueur et l’indépendance des travaux académiques face aux interprétations partisanes.

 « Comme l’ont rappelé les Professeurs Ibrahima Thioub et Kalidou Diallo dans leur tribune Défendre le métier d’historien qui réfute les accusations à mon encontre, il est essentiel de préserver la rigueur et l’indépendance des travaux académiques face aux interprétations partisanes. Il me tient à cœur, en tant que chercheuse étrangère, d’offrir une lecture historique la plus documentée et objective possible, dans le respect de la complexité des histoires partagées. Ce travail de l’histoire ne vise aucunement à rouvrir les fractures comme certains pourraient le craindre. Tout au contraire, il pourrait peut-être permettre de « sortir la Casamance de nombreux fantasmes, de pensées faciles et de totems paresseux » comme l’écrit le sociologue et journaliste Elgas, à propos de mon ouvrage – qu’il a lu attentivement. Sortir des fantasmes du passé constitue, me semble-t-il, une étape essentielle dans le processus de consolidation de la paix, pour espérer une paix qui soit véritablement durable » conclura-t-elle.