Par Abdou Latif Coulibaly ministre
Je dis, je répète que le pays cherche à croire son Premier ministre. Il faut aller savoir avec ce nouveau gouvernement ! Incompétence, maladresses, amateurisme désir de vengeance ? Il y a à boire et à manger dans la dernière conférence de presse du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko. Ce matin, un journaliste s’est présenté à moi, pour demander de réagir aux propos tenus hier sur les comptes publics par le Premier ministre et par le ministre de l’économie et des Finances. Je lui expliquais que je n’avais pas encore suffisamment analysé ce qui avait été dit. Sincèrement, j’hésitais beaucoup à répondre, j’avais fini par lui dire, que je ne disposais pas d’éléments factuels assez significatifs pour réagir. C’est ainsi que mon interlocuteur m’invita à parler d’autre chose qui s’inscrivait en réalité en droite ligne dans le sens de sa demande générale. Il sortit ainsi de la mémoire de son ordinateur portable un document en version sous format PDF. Un immense document de plus d’une certaine de pages. Mon interlocuteur m’indique que c’était là, la version finalisée du projet gouvernemental, déclinée sous l’appellation de Stratégie Nationale de Développent. C’est ce nouveau référentiel des politiques publiques qui va succéder au Plan Sénégal Emergent (PSE). Ensemble, mon visiteur et moi, avons parcouru le document en question sur, au moins une quarantaine de pages. Sur les pages visitées figurent beaucoup de statistiques officielles. Celles-ci ont servi de références de base pour asseoir la démarche conceptuelle du nouveau référentiel des politiques publiques. Les statistiques majeures trouvées concernent notamment la détermination de l’objectif général attaché à la Stratégie Nationale de Développement (SND), ainsi que la définition des objectifs spécifiques du projet. Elles concernent aussi les choix arrêtés pour la détermination des résultats attendus de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie. Celles-ci indiquent surtout les repères de base pour conduire la tâche incontournable d’analyse de l’état de l’économie nationale (état des lieux). La convocation des statistiques officielles qui, en définitive, ont orienté la démarche des concepteurs de la Stratégie Nationale sont fausses. C’est ce qu’a expliqué le Premier ministre et le ministre de l’économie, lors de conférence de presse commune du jeudi 26 septembre. Ils n’en ont été sûrement informés qu’après la rédaction du document présentant la SND. Sinon, ils en auraient ses concepteurs de ce document qui auraient soigneusement éviter de les citer en abondance ces statistiques. Des faits graves falsification de la réalité économique du pays. Au moment où les experts engager leurs travaux scientifiques et techniques pour produire le document de la SND les faussaires n’étaient pas encore connus. Si ces accusations s’avèrent vraies, ce dont je doute, la copie finale qui consigne la SND, devrait impérativement être reconsidérer et corriger, pour être corréler à la valeur probante des statistiques fournies par le ministre de l’économie, au cours de la conférence de presse. Pourquoi avoir pris comme base de référence des statistiques, que l’on sait, au départ, truquées, dans le travail d’élaboration de la SND ? La chaîne des faussaires est large. Elle va largement au-delà des responsables politiques clairement identifiés. Il va falloir aussi débusquer tous les techniciens qui auraient aidé à falsifier les données. Ils sont nombreux dans les rouages. Il va falloir aussi débusquer à l’agence Nationale de la Statistique, au Ministère des Finances et du Budget, de l’Economie et du Plan tous ceux qui ont pris part à la mascarade. Que faire des juges de la Cour des comptes qui ont préparé les différentes lois de règlement, en certifiant les comptes publics. Sans oublier les députés de la Nation qui les votent. Que faut-il dire de plus ? Peu de choses, je pense ! Sinon, s’étonner de la façon dont a procédé le gouvernement. Comment se venger d’adversaires ou plutôt « d’ennemis » politiques », quand on est placé, comme un Premier ministre, à un aussi haut niveau de responsabilité ? Par la manière dont il s’y est pris le Premier ministre et son équipe se vengent en compromettant dangereusement le pays ? Ils ont pris sur eux, le gros risque de compromettre l’avenir de tout un pays sur les marchés financiers du monde, en prétendant que toutes statistiques nationales sont truquées, en avançant des généralités économiques sans consistance pratique visible. Ousmane Sonko fait dans une dramaturgie sans nom. Il essaie d’énumérer les éléments de la catastrophe contée. Tout y passe, des contrats d’armements cachés, des marchés publics truqués, etc. Par ailleurs, son Ministre de l’Economie annonce un taux d’endettement de l’ordre de 85%, du total de notre Produit intérieur brut (Pib). Il fait cette annonce tout en expliquant aux citoyens que cet endettement est pourtant bien soutenable. Si le ministre de l’économie dit vrai, de qui veut-on alors se moquer, en imposant à notre économie une limite d’endettement d’un taux de l’ordre de 70%. Pourquoi nous opposer des taux factices, j’allais dire, alors que nous sommes en mesure de fracasser les plafonds fixés, tout en restant dans les normes d’une économie saine. Manifestement, le ministre Abdourahmane Sarr ne semblait pas s’inscrire dans une logique de démolition catastrophée à l’image de son Premier ministre. Je me demande même si le ministre n’était pas dubitatif, face aux termes de leur déballage et des attaques à peine voilées contre le Fonds Monétaire International. Je rappelle que le ministre aura servi, pendant plus de deux décennies, au FMI. A cet égard, il m’est agréable de lui demander, si l’adhésion de notre pays à la NSDD, appelée Norme Spéciale de Diffusion des Données Statistiques du FMI, pourrait laisser passer pour le Sénégal, ce type de maquillage grossier, opéré en présentant la situation économique, budgétaire en particulier, dont son gouvernement accuse le régime sortant ? Rappelons, ce qu’est la norme spéciale de diffusion des données (NSDD). Elle a été créée en 1996 par le FMI pour aider les pays membres – qui ont ou pourraient chercher à avoir accès aux marchés internationaux de capitaux – à communiquer des données économiques et financières importantes au public. L’année suivante, le FMI a créé la norme générale de diffusion des données (NGDD), qui vise à préparer les pays à satisfaire aux exigences de la NSDD. Au terme d’un choix bien sélectif le Sénégal a été admis dans ce club. La participation a cette norme permet au FMI d’encadrer et de conduire les pays à diffuser des statistiques officielles crédibles. « Il s’agit des données fournies par les pays souscrivant à la NSDD, ainsi que les informations fournies par les pays participant. Un guide a été élaboré à cet effet. Il a pour objectif d’aider les souscripteurs à la NSDD, à se familiariser avec les caractéristiques et le champ d’application de la NSDD ». Ce guide vise à compléter les initiatives du FMI « en matière de transparence et de normes relatives aux données, à améliorer la publication de statistiques internationales complètes et à jour, et de contribuer ainsi aux efforts entrepris par les pays pour adopter des politiques macroéconomiques saines, ainsi qu’à l’amélioration du fonctionnement des marchés financiers mondiaux ». L’annonce officielle de l’acceptation de la candidature du Sénégal, en vue d’adhérer à la norme NSDD est intervenue le 20 novembre 2017. Comme le rapporte le journal Le Quotidien, dans son édition du 21septembre. L’adhésion du Sénégal à la Norme spéciale de diffusion des données (NSDD), du Fonds monétaire international (Fmi), a donc été entérinée en novembre 2017. C’est le Directeur général de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANDS), qui l’a annoncé aux Sénégalais, au cours d’un point de presse tenu en marge du 13e Conseil présidentiel sur l’investissement (CPI), tenu le 20 novembre 2017. « Cette adhésion implique que le Sénégal va désormais diffuser ses données statistiques à des dates fixes, ce qui va renforcer la transparence et la crédibilité de ces données. La NSDD permet également au Sénégal de bénéficier de taux d’intérêt plus intéressants sur les marchés des capitaux ». Si notre pays a été accepté pour adhérer à la norme NSDD, ce n’est sûrement pas pour se mettre après à falsifier ses données économiques. Montrons-nous un peu plus apaisés dans la conduite du destin de ce pays ! Il me semble que certaines personnalités de ce nouveau régime, font parfois des sorties médiatiques qui peuvent laisser, malheureusement penser, qu’ils prennent les citoyens de ce pays pour des demeurés. Oui des demeurés ne comprenant rien à la marche de ce monde ! Ces personnalités qui pensent ainsi se trompent lourdement. A coup sûr !