Au cours d’une conférence de presse, ce jeudi, le Premier ministre Ousmane a fait un point sur la situation du Sénégal héritée de l’ancien régime. Le ministre de l’Économie, du plan et de la coopération Abdourahmane Sarr a dévoilé de nouveaux chiffres alarmants concernant les déficits budgétaires et la dette publique du pays sur la période 2019-2023
Contrairement aux données précédemment communiquées, il s’avère que le déficit budgétaire a été bien plus élevé que prévu, atteignant en moyenne 10,4% du PIB, soit près du double des 5,5% annoncés. « Le rapport sur la situation des finances publiques a révélé que la dette publique du Sénégal et les déficits budgétaires ont été plus élevés que publiés par les autorités sortantes et communiqués à nos partenaires durant la période 2019-2023. Le déficit budgétaire a été annoncé à une moyenne de 5.5% du PIB durant la période 2019-2023 mais en réalité il a été en moyenne de 10.1%, soit près du double. La dette publique a été annoncée en moyenne de 65.9% du PIB durant la période 2019-2023, mais en réalité, elle a été en moyenne de 76.3% du PIB en raison des déficits publics plus élevés que publiés » a fait savoir le Ministre.
Ainsi, à fin 2023, ajoute-t-il la dette de l’État central hors secteur parapublic est de 15 664 milliards, soit 83.7% du PIB, alors qu’elle était annoncée à 13 772 milliards, soit 73.6% du PIB. « Il s’agit donc d’un supplément de dettes contractées et non publiées de près de 1 892 milliards, soit 10% du PIB de plus. Cette dette supplémentaire est principalement due à des tirages sur des prêts projets sur financement extérieur et des prêts contractés auprès des banques locales de façon non transparente. Sur la période 2019-2023, les tirages sur ressources extérieures non inclus dans les déficits ont été en moyenne de 593 milliards annuellement, et les prêts bancaires non inclus dans les déficits en moyenne de 179 milliards annuellement ».
Au-delà de ces chiffres sur le déficit et la dette, l’audit a révélé que le surfinancement du trésor public d’environ 605 milliards de FCFA à fin 2023, convenu avec le FMI et réservé pour l’année 2024, a été utilisé pour payer des dépenses non budgétisées et des dettes connues de l’État, contrairement à ce qui avait été communiqué aux partenaires. La non-disponibilité de ce surfinancement en 2024 a nécessité selon le Ministre des emprunts non initialement programmés, notamment l’émission d’eurobonds par placement privé de 750 millions USD en juin 2024, et des crédits commerciaux syndiqués de 300 millions d’euros au troisième trimestre.
La réaction du ministre de la Justice Ousmane Diagne n’a pas tardé, qui a annoncé que des poursuites judiciaires allaient être engagées. « Ces faits sont d’une gravité certaine et semblent revêtir une qualification pénale que les autorités judiciaires compétentes saisies vont devoir déterminer aux moyens d’investigation qu’elles jugent appropriés », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse
En attendant la finalisation de l’audit des finances publiques, le gouvernement selon le Ministre Sarr avait décidé de ne pas porter le dossier du Sénégal au Conseil d’Administration du Fonds Monétaire International suite à leur mission de revue de juin 2024. L’examen du dossier du Sénégal sur la base de chiffres erronés aurait conduit à un cas de « misreporting » ou « de transmission de fausses informations » pour bénéficier des tirages prévus sur les ressources du FMI.