Ousmane Sonko a brisé le silence hier lors d’une rencontre avec des artistes membres de son parti pour annoncer la reprise de ses activités politiques. «Ce n’est pas le Premier ministre qui les accueillait», leur a-t-il dit, mais le président de Pastef. «Le vrai défi commence aujourd’hui, tout ce qui s’était passé, avec son lot de morts et de violences, n’est rien de plus qu’un échauffement. Le défi a commencé depuis que Dieu (LSI) nous a confié le pouvoir. Cela, parce que nous avons pris des engagements devant les Sénégalais et nous tiendrons paroles, s’il plait à Dieu. Il nous faut bander les muscles pour pouvoir relever ces défis», a-t-il dit. «Notre rencontre est un point de départ pour la reprise des activités politiques. Que ceux qui croyaient que mes fonctions de Premier ministre vont m’empêcher de mener mes activités politiques se le tiennent pour dit que j’ai repris les commandes. Nous nous connaissons trop bien. Je ne veux pas en dire plus (rires)», a confié Ousmane Sonko. Son camp arrivé au pouvoir, il dit comprendre l’impatience de ses concitoyens : «Il n’est pas évident que les Sénégalais aient une idée de la situation dans laquelle nous avons trouvé le pays, à notre arrivée. Mais, tout se saura, sous peu. Il était prématuré d’ouvrir les hostilités. Bientôt, toute la lumière sera faite, si Dieu le veut». Parmi ceux qui nous ont porté au pouvoir, il y a plus de sympathisants que de partisans, a dit le leader de Pastef qui signale que «partout dans le monde, il y a des Sénégalais apolitiques qui, entre deux élections, portent leur choix sur le meilleur profil». A ce propos, dit-il, «il est fort probable que la plus grande partie de ceux qui ont voté pour le président Diomaye, avaient porté leur choix sur un autre, en 2019. Donc, il ne faut pas que l’on se trompe de perception. On doit savoir que ce qui nous a été confié va au-delà d’un parti politique. Donc, si on s’était lancés dans des activités politiques, sans au préalable, faire l’état des lieux, identifier ce qui est bon ou non, connaitre l’ampleur des dégâts, je pense que les Sénégalais nous en voudront. Pour cela, nous avons entendu beaucoup de critiques».
«Certains disent que nous n’avons pas de programme et que nous avons vendu un rêve aux Sénégalais…»
Il a regretté l’impatience dont ont fait montres certains dans leurs rangs. «Beaucoup ont perdu patience au bout de 2 ou 3 mois croyant qu’on leur a tourné le dos, alors qu’en ce moment, nous étions concentrés, de l’aube à 2 heures du matin, à ce pour lequel les Sénégalais nous ont confié les responsabilités. On ne pouvait pas laisser cela de côté et passer notre temps à accorder des audiences, à des militants, matin et soir. Nous ne ferons pas cela, pour le simple plaisir des militants», a dit Ousmane Sonko. Ce dernier estime qu’«il était normal que durant tous ces mois, qu’on s’y consacre. Grace à Dieu nous avons battu un travail énorme. J’ai entendu certains dire que nous n’avons pas de programme et que nous avons vendu un rêve aux Sénégalais. On verra dans les jours à venir. Et cela passe par 3 étapes. Parce que nous avons toujours fait les choses de manière stratégique. C’est juste que les gens sont amnésiques, mais quiconque regarde le chemin parcouru pour arriver au pouvoir saura que nous ne sommes pas des amateurs. Nous avions toujours travaillé conformément à un agenda bien précis. Et c’est de la sorte que nous allons gérer le pays», a-t-il fait savoir. Le chef des ‘’Pastefiens’’ renseigne que les autorités étatiques sont dans «la phase évaluation» et font donc «l’état des lieux. Quand nous finirons de montrer aux Sénégalais la situation dans laquelle nous avons trouvé le pays, j’ai peur qu’il y ait certains qui ne pourront plus sortir du territoire, ni se balader. Donc, il est inutile de blablater. Nous allons montrer clairement aux Sénégalais, les faits, les chiffres et les dates. Cela est une étape. Il en reste deux autres concernant lesquelles je ne vais pas vendre la mèche», a-t-il confié. Mais, il promet que «tout cela se saura durant ces prochaines semaines. Je sais qu’après m’avoir entendu dire cela certains vont perdre le sommeil aujourd’hui. J’ai un peu la chance, concernant certains adversaires politiques. Je ne les suis pas, je ne m’occupe pas de ceux qu’ils font. Mais, j’ai appris qu’ils me reprochent, aujourd’hui, d’avoir une mine renfrognant. Je me dis donc qu’ils ont été gagnés par la peur», a-t-il dit de manière taquine. Le chef de file de Pastef a tenté de rassurer les Sénégalais. «Personne ne connait mieux que nous c’est quoi ‘’Le Projet’’ puisque nous l’avons conçu et élaboré. Secundo, personne ne sait mieux que nous le sens de notre engagement. Donc, j’invite les Sénégalais à rester patients, parce que nous savons où est-ce que nous comptons mener le pays. Tout est clair et nous serons à bon port». De l’avis de Ousmane Sonko, «la plus petite motivation est que des jeunes ont sacrifié leurs vies, pour que le Sénégal connaisse des changements. Je me demande est ce que les gens ont compris le sens de ces sacrifices ? Et c’est la question que je me pose quand j’entends les gens parler de postes ou de biens matériels. Je ne passe une journée, ni un soir, sans penser à eux».
«L’Etat de grâce c’est pour les faiblards. Nous n’en avons pas besoin»
Mieux, poursuit-il, «le président Diomaye a, chaque jour, du mal quand il voit certaines choses concernant les dégâts constatés dans le pays. Et à chaque fois, il me dit : ‘’ces gens morts pour la patrie, nous ne pouvons pas les oublier. Ce sont des jeunes de moins de 30 ans morts pour que le Sénégal change’’. Il se demande est-ce que les gens ont conscience des vies perdues, pour un changement ?» Voilà, selon lui, «ce qui fait que les avantages qui vont avec le pouvoir, Dieu sait que je ne peux pas les voir, parce qu’ils ne sont pas importants. Si on prête le flanc pour ces avantages, on aura trahi ces gosses-là (ces morts). Et en ce moment, nous aurons à rendre compte à Dieu (LSI)». Et pour rendre un hommage à ces jeunes décédés, on doit, selon lui, «faire en sorte que les gens voient un bilan élogieux en 5 ou 10 ans. Que les changements qui étaient attendus soient concrétisés. C’est ça l’enjeu aujourd’hui. Et nous travaillons pour cela, de jour comme de nuit». Il menace. «El Malick Ndiaye est membre de mon gouvernement. Si je venais à apprendre qu’il a accepté 200 000 FCFA, (comme pot de vin), il sera démis de ses fonctions, dans les 30 minutes qui suivront son acte. On n’est formels là-dessus. Voilà pourquoi nous appelons tout le monde. Le vrai travail vient de commencer. Le challenge vient d’être lancé. Cela nous interpelle tous. Il nous faut avoir une autre conception avec la chose publique et aussi avec Le Projet». Le leader de Pastef ne veut pas entendre d’état de grâce. «Certains parlent d’état de grâce. L’état de grâce, c’est pour les faiblards. Nous n’en avons pas besoin. Quand on était parti politique, dans l’opposition, on n’a pas profité d’un état de grâce. On peut assimiler notre parti à ce bébé qui a commencé à marcher dès sa naissance. On ne lui a accordé aucun temps de grâce. Donc ceux qui disent que l’Etat de grâce va bientôt connaitre sa fin, je leur demande d’appuyer sur l’accélérateur». Mieux, «que tous ceux qui comptent s’engager dans l’opposition se positionnent. Nous n’avons pas besoin d’Etat de grâce. C’est l’affaire des faiblards. Nous ne savons que nous battre, mais dans le bon sens du terme. Nous ne ferons de tort à personne. Mais, nous ne nous laisserons pas faire. Ceux qui veulent s’opposer auraient dû commencer avant la prestation de serment du président Diomaye, parce que leur opposition nous laisse indiffèrents». «Une opposition sac à main et autres, ne nous ébranle pas. Une opposition qui, du matin au soir, n’a qu’un espoir, voir survenir un problème entre Diomaye et Sonko, une telle opposition nous laisse indifférent. C’est une opposition dont les ténors n’osent pas parler, mais qui payent des gens, ces agneaux du sacrifice, pour qu’ils parlent à leur place. Et ces gens qui parlent ne savent faire qu’insulter et jeter en pâture leur semblables. Et je trouve que certains ne croient toujours pas qu’ils ont perdu le pouvoir. ils m’ont insulté hier, j’étais à l’opposition. Aujourd’hui, où nous avons le pouvoir, ils veulent continuer à m’insulter, d’accord», dit-il.
«Diffamer son semblable, le jeter en pâture, parler en mal de sa famille, etc. cela va finir, dans ce pays»
Il prévient toutefois : «nous sommes pour l’Etat de droit. Chacun a le droit de donner son appréciation sur la façon dont est gérée, l’agriculture, l’élevage et de m’accuser d’avoir découvert, avec des preuves, que Ousmane Sonko a détourné des deniers publics. Mais diffamer son semblable, le jeter en pâture, parler en mal de sa famille, etc. Cela va finir, dans ce pays. Je l’avais dit et je le répète. Personne ne va plus instrumentaliser personne, mais nous allons mener le combat politique, nous opposer dans le respect mutuel. Oui pour les débats d’idées avec tous ceux qui ont confiance en leur connaissance. Moi, je suis prêt à tenir des débats avec tout le monde, sur les politiques publiques, sur l’Etat, sur nos ressources naturelles entre autres». Mais, note-il, «il n’est plus question que certaines pratiques continuent dans ce pays. Donc, nous ne voulons pas d’état de grâce, parce que nous sommes conscients de nos responsabilités et de ce que nous visons. Ce silence qui était noté ne traduisait pas une faiblesse. Ce que nous sommes en train de concevoir, c’est le nouveau référentiel des politiques publics, parce que nous n’avons jamais voulu du PSE, et l’avons toujours critiqué. Le Sénégal en a fini avec le PSE». «Des gens nous reprochent de n’avoir pas eu de projet, ceux qu’ils réalisaient en 2 ans, nous l’avons fait en 2 mois. Je veux que ce soit clair, il y en a qui veulent intoxiquer les Sénégalais avec une mauvaise foi extraordinaire. Abdoulaye Wade, élu, est venu avec son programme Sopi, il lui a fallu combien d’année pour sortir la stratégie de croissance accélérée ? 3 ou 4 ans, je ne sais plus. Le président Macky Sall, a été porté au pouvoir, avec son programme ‘’Yonnu yokuté’’, il lui a fallu 2 ans pour nous sortir son PSE. Et il a dû payer 3 payer 3 milliards FCFA a un cabinet étranger pour l’avoir. Nous n’avons rien payé, avec l’expertise locale, en 4 mois on va sortir un document d’opérationnalisation. Quand on sortira le document dans les prochains jours, chacun verra s’il pourra changer le Sénégal ou non. Le vrai travail du gouvernement va commencer véritablement après le lancement de ce référentiel», a-t-il indiqué. Et «si on dit qu’on veut qu’on continue l’aventure, l’aventure ne s’est pas arrêtée le 24 mars, pour les uns. Elle ne s’arrêtera pas d’ici des décennies sil plait à Dieu. Je le dis souvent, s’il plait à Dieu rien ne peut nous empêcher de réussir», a-t-il déclaré.