Au Sénégal, l’infanticide et l’avortement sont les principales causes d’arrestations des femmes. C’est ce qu’a affirmé Ndèye Madjiguène Sarr de l’Association des juristes sénégalaises (AJS) qui révèle que sur les 244 femmes détenues dans les établissements pénitentiaires, 54 sont poursuivies pour infanticide et 5 pour avortement clandestin. «Sur les 37 établissements pénitentiaires que compte le pays, seuls 14 établissements pénitentiaires abritaient des femmes incarcérées pour infanticide ou avortement clandestin au moment de l’étude», a-t-elle souligné. Mme Sarr ajoute que «sur les 244 femmes détenues dans l’ensemble de ces établissements pénitentiaires, 59, soit 24,18% ont été concernées par l’objet de l’étude, 54 soit 22,13% sont poursuivies pour infanticide et 5 soit 2% pour avortement clandestin. Sur le nombre total de celles poursuivies pour les faits il y a 54 soit 91,5% pour infanticide et 5 soit 8,5% pour avortement clandestin», a précisé la juriste. Elle s’exprimait ainsi à travers une communication axée sur les argumentaires juridiques de l’interruption de grossesse au Sénégal dans le cadre d’un atelier de formation organisé par le comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste dénommé Task force pour renforcer les connaissances et compétences des membres de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) à avoir une meilleure compréhension de la problématique de l’avortement. Par ailleurs, Ndèye Madjiguène Sarr a plaidé pour que l’Etat du Sénégal lève les contradictions qui existent entre les instruments juridiques internationaux et la loi interne en ce qui concerne le droit à l’avortement. «Le Sénégal a signé et ratifié l’essentiel des instruments juridiques internationaux, régionaux et sous-régionaux consacrant le droit à l’avortement. Malgré cela, il n’existe toujours pas de cadre juridique interne favorable à l’accès à l’avortement médicalisé», a-t-elle déploré. Au nom des journalistes, Eugéne Kaly, président de l’Association des journalistes en sante, population et développement a souligné que cet atelier constitue une opportunité pour les journalistes de s’imprégner pour une meilleure connaissance et un meilleur traitement de l’information relative à l’avortement médicalisé.