Dans la nuit du 26 au 27 novembre 2020, un fœtus en état de décomposition avancée est découvert dans un dépotoir d’ordures. Mais grâce à une enquête menée aux alentours de Darou Thioub, la dame M. Ba a été démasquée. En effet, celle-ci, après avoir expulsé le fœtus de son ventre, est allée se réfugier à Kaolack. C’est dans sa région natale qu’elle a été cueillie avant d’être acheminée à Dakar. Au terme de sa garde à vue qui a duré plus de 96 heures, elle a été mise à la disposition des autorités pour une information judiciaire. En prison depuis 2020, elle a fait face finalement aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar. Accusée d’infanticide, M. Ba a contesté les faits. Mère de deux enfants, elle dit qu’elle ignorait sa grossesse. “J’ai un cycle irrégulier. Il m’arrive parfois de rester des mois sans voir mes règles. C’est ce qui m’est arrivé à l’époque. Comme j’avais constaté un retard de trois à quatre mois, je suis allée au centre de santé de notre quartier pour faire déclencher mes menstrues. C’est ainsi qu’on m’a prescrit une ordonnance que la fille de mon oncle a achetée. À peine avoir pris le médicament, j’ai commencé à saigner. C’est quand je suis allée aux toilettes que le fœtus est tombé”, a raconté la comparante. Poursuivant son récit, elle a déclaré : “J’ai paniqué. C’est la raison pour laquelle j’ai jeté le fœtus au dépotoir d’ordures. Et trois jours après, je suis partie à Kaolack chez ma mère.” À l’en croire, elle était venue à Dakar pour travailler comme femme de ménage. Mais, dit-elle, sa mère lui a proposé d’aider sa tante, moyennant une rémunération de 15 000 F CFA. Somme dérisoire qui a poussé le magistrat à lui demander comment elle s’est procuré le médicament qu’elle dit avoir acheté à 11 000 F CFA. Elle lui rétorque : “J’avais des économies. J’ai travaillais quelque part comme domestique avant de venir chez mon oncle.” Sur sa supposée fuite après avoir jeté son fœtus, M. Ba a déclaré : “Je n’ai pas pris la fuite. J’avais déjà préparé mon retour trois jours avant les faits. C’est trois jours après que je suis partie.” Malgré ses dénégations, le rapport médical fait état d’un accouchement survenu au troisième trimestre. Donc, selon les constatations de l’homme de l’art, la grossesse a dépassé les six mois. En sus de cela, le document établit que l’accusée n’a pas eu de complications au moment de l’accouchement. Mais même après la lecture de ce document par le substitut de procureur de la République, M. Ba a campé sur sa position en réfutant systématiquement avoir tué un nouveau-né. Pour elle, on ne peut lui reprocher un avortement. Malgré ses dénégations, le maitre des poursuites trouve que les faits ne souffrent d’aucune contestation. “L’enfant est né au bout du troisième trimestre. Elle conteste le diagnostic médical. Dans cette affaire, elle a pu expulser ce qu’elle avait dans le ventre sans complication. Le diagnostic contrebalance foncièrement ses allégations. Elle est coupable d’infanticide”, a souligné le représentant du ministère public qui a requis sept ans de réclusion criminelle contre M. Ba. Selon lui, elle ne mérite pas la clémence du tribunal. Maitre Diaw de la défense relève que le dossier de sa cliente ne repose sur rien. “Dans ce dossier, nous avons une dame qui nous dit que sa grossesse a duré trois à quatre mois. À part cet élément, il n’y a rien dans ce dossier qui prouve que la grossesse s’est poursuivie jusqu’au troisième trimestre. Elle a accouché dans la nuit du 26 au 27 novembre 2020. L’infanticide, c’est le meurtre commis sur un nouveau-né. Mais dans ce cas, on peut parler d’avortement. Le maximum de la peine c’est deux ans ; ma cliente a fait quatre ans de détention”, a plaidé la robe noire. L’affaire mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 27 novembre 2024.