Baisse du prix de la farine de pain : le Gouvernement entame le bras de fer avec les meuniers

L’Association des Meuniers Industriels du Sénégal a engagé ses 7 membres dans une mesure de retrait. Les Meuniers qui hier dans un communiqué disent ne pouvoir s’engager dans un dispositif de vente à perte a déclaré officiellement un arrêt provisoire de production. Une mesure à laquelle a réagi l’Etat par le biais du Ministre chargé du commerce et de l’industrie, Serigne Gueye Diop. Le Gouvernement a mis fermement en demeure les meuniers de poursuivre les activités de production de farine, dans le respect des prix nouvellement arrêtés. A défaut, il prendra toutes ses responsabilités, sans exclure aucune option, afin d’assurer l’approvisionnement correct et régulier du marché assure t’il.

Acte 1 du bras de fer entre le Gouvernement et les meuniers. L’association des meuniers industriels du Sénégal dans un communiqué dimanche annonçait avoir alerté le Ministère de l’Industrie et du Commerce, sur les effets d’une mesure hâtive au regard des stocks de blé déjà dans le circuit de production et des volumes farines en vente dans les réseaux de distributeurs. Mais malgré ces alertes sur l’impréparation du secteur, le prix de revient de la farine annoncé au sortir du Conseil National de la Concurrence est bien en-dessous du prix de vente réel, et la date d’entrée en vigueur est un coup porté à l’activité des parties prenantes.  Elle avait ainsi décidé d’un arrêt provisoire de production.

Une attitude que le Gouvernement condamne. Face à la presse hier le Ministre du commerce Serigne Gueye Diop a ‘abord rappeler que la détermination des nouveaux prix de la farine de blé résulte d’analyses techniques rigoureusement fondées sur une structuration des prix adossée à l’évolution des coûts du marché international, ainsi qu’à l’actualisation des autres charges. Ainsi, révèle t il il ressort des analyses effectuées par les services compétents qu’il existe des écarts très importants sur les coûts d’approvisionnement des meuniers, avec des prix Coût, Assurance et Fret (CAF) pouvant varier entre 241 euros (158 000 FCFA) à plus de 300 euros (196 000 FCFA) la tonne, ce qui pourrait s’interpréter comme des surévaluations de charges au profit de leurs sièges sociaux ou une minoration des résultats d’exploitation. Cette situation reflète accuse le ministre des pratiques commerciales douteuses assimilables à des actes anormaux de gestion. « A titre d’illustration, l’entreprise les Grands Moulins de Dakar (GMD), dans le cadre d’une importation, a chargé dans un même bateau une cargaison de blé, en même temps qu’une autre minoterie, avec des coûts d’achat auprès du même fournisseur largement supérieurs » cite t’il.

« Sur la période de mars à juin 2024, il apparaît qu’un éventuel manque à gagner sur les stocks de farine ne dépasserait pas 225 FCFA par sac de 50 kilogrammes sur la base d’un cours d’achat jugé conforme. Sur la base des cours à terme du blé pour une livraison à fin septembre 2024, les calculs font ressortir un coût du sac de farine aux alentours de 15 200 FCFA, soit un manque à gagner de 982,52 FCFA par sac de 50 kilogrammes au maximum, largement inférieur à la subvention budgétisée par l’Etat, soit 1.645 FCFA par sac » ajoute le ministre.

Par ailleurs, l’examen des états financiers de ces sociétés sur les années 2022 et 2023 fait ressortir que les activités des minoteries sont notablement rentables, avec des bénéfices allant de 02 milliards à 14 milliards FCFA, indique Serigne Gueye Diop.

Sous ces considérations, le Gouvernement met fermement en demeure les meuniers de poursuivre les activités de production de farine, dans le respect des prix nouvellement arrêtés. A défaut, le Gouvernement assure t’il prendra toutes ses responsabilités, sans exclure aucune option, afin d’assurer l’approvisionnement correct et régulier du marché. Des évaluations sont en cours pour prendre en charge les préoccupations liées aux stocks a-t-il aussi dit.

Enfin, il a promis au regard des pratiques commerciales douteuses susvisées, que l’Etat entreprendra des missions de vérification au niveau des minoteries.