MAGAL DE DAROU SALAM : le 1er argentier mouride dans les mémoires

Darou Salam a célébré hier les retrouvailles entre Mame Cheikh Anta Mbacké et Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké à la fin de l’exil.  Darou Salàa refuse du monde, pour l’occasion.

L’histoire retient de Mame Cheikh Anta Mbacké, énormément de choses. Dans les archives du colonisateur, on le présente comme un richissime cultivateur qui donnait sans compter quand il s’agissait d’exécuter les ndigëls de son guide spirituel Serigne Touba. Chez les Mourides, on retient de lui un modèle de disciple unique dans son genre et un travailleur infatigable qui suivait inlassablement les pas de son guide. La visite rendue à celui-ci au Gabon lors de l’exil, l’accueil légendaire réservé à ce dernier en 1902 restent indélébiles dans les mémoires.  

Ce dimanche 20 juin 2022, Darou Salam se rappelle l’homme et le célèbre de toute son âme.

 Mouhammad Ibn Moctar Ibn Abiballah ou Sidi Mokhtar plus connu sous le nom de Mame Cheikh Anta Mbacké, est venu au monde à Porokhane en 1861. Sa mère s’appelait Sokhna Anta Ndiaye et son père Mame Mor Anta Sally. Ce guide religieux fit ses humanités auprès de plusieurs marabouts, comme Serigne Ndame Abdourahmane Lô et Serigne Mor Seck de Thiouboulène. C’était l’un des rares hommes sur qui Serigne Touba comptait le plus, lors de son exil au Gabon pour soutenir talibés et enfants. Le Cheikh lui accordait une considération singulière, ce qui fit de lui l’un de ses principaux confidents. D’ailleurs, Mame Cheikh Anta fut l’une des rares figures historiques à rendre visite au Cheikh dans son exil gabonais, alors que le chemin était parsemé d’embûches. Ce fut en 1889. Le 11 novembre 1902, il accueillit Cheikh Ahmadou Bamba de retour d’un exil qui aura duré 8 longues années. L’histoire enseigne qu’il est monté sur le bateau amarré au port de Dakar, pour embrasser celui qu’il aimait par-dessus tout, avant de l’accompagner à terre, fouler de nouveau le sol du Sénégal. Il a organisé, à la suite de cela, un accueil exceptionnel à Darou Salam à Khadim Rassoul, en sacrifiant des chameaux, des bœufs, des moutons, des poulets, etc… Depuis, l’événement est commémoré et s’impose, aux yeux de l’histoire, comme étant le premier Magal célébré par la communauté mouride. 

LE GROS ARGENTIER MOURIDE DE SON TEMPS 

Pour avoir fait du travail son occupation principale, Mame Cheikh Anta était devenu l’un des hommes les plus riches de sa génération. Sa fortune que les historiens n’ont jamais réussi à estimer, a servi à bien des œuvres coordonnées par Serigne Touba. Il fut surnommé « Borom Derem ak Gërëm ». Du chemin de fer à la construction de la mosquée de Diourbel, Mame Cheikh Anta s’évertuait à démultiplier les enseignements du Cheikh. Il mit ainsi en place des daara productifs dans plusieurs localités du pays dont Gawane à Bambey en 1905. Un an après le rappel à Dieu de son maître, Mame Cheikh Anta accomplit le pèlerinage à La Mecque. Il s’y était rendu, en effet, en compagnie de chefs religieux comme Serigne Fallou Mbacké, Serigne Mbacké Bousso, Serigne Cheikh Tacko Mbacké et quelques-uns de ses talibés, dont Serigne Tacko Fall. Les sources renseignent qu’il avait entièrement financé l’expédition de sa poche. Mame Cheikh Anta disparut en 1941…