Le 5 Avril dernier après une attente de plus de deux semaines, le Premier Ministre Ousmane Sonko dévoilait la liste de son Gouvernement. Un attelage gouvernemental salué pour la valeur des hommes et des femmes qui la composaient. Un mélange du « système » et d’anti système, cette idéologie chère à Sonko. Un mois après la mise en place de cet attelage, la première mesure c’est-à-dire la démission des Ministres engagés dans l’équipe n’a pas encore été suivie d’effet. Les nominations dans les Directions qui devaient être sur la base d’appels d’offre un autre reniement du régime en place.
Dans la tête de Ousmane Sonko doit résonner sûrement cette question. « Pourquoi diable suis-je allée leur promettre cela ? » Si les tenants actuels du pouvoir continuent à avoir la confiance de la majorité des sénégalais, l’opposition en place ne cesse de rappeler au locataire du Petit Palais ses promesses d’antan dans l’opposition.
Le Général Jean Baptiste Diouf « promis » à la CPI finalement à la Place Washington
Même si Ousmane Sonko qui promettait l’enfer aux tenants de l’ancien régime semblait épargner dans ses diatribes le Général Jean Baptiste Tine de 2019 jusqu’à 2021 Haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire son avocat Juan Branco disparu des radars depuis la venue de Pastef au pouvoir avait promis de traîner ce dernier devant la cour pénale internationale. Il avait en effet identifié une liste de 112 personnes en leurs noms et qualités sur la une longue chaîne de commandement/répression en activité entre 2021 et 2023. Il lui était reproché par exemple des actes de torture contre Ardo GNINGUE. Amadou Guèye de l’union des Indépendants du Sénégal (unis), indiquait que l’acte de torture subi par Ardo GNINGUE émane du Haut Commandant de la gendarmerie et de la justice militaire, Jean Baptiste Tine. Ce qui motivait ce dernier à soutenir cette thèse, c’est l’accusation de falsification de documents portée par le jeune activiste contre la gendarmerie nationale qui, selon lui, a tenté de dissimuler les preuves.
Aujourd’hui Ministre de l’Intérieur, le Général semble être blanchi. D’ailleurs après la composition du Gouvernement, certains sénégalais avaient rappelé à Branco cette volonté exprimée quelques mois de le traîner devant la CPI sans pour autant que l’avocat daigne y répondre.
Collusion avec l’ennemi Macky Sall
C’est devenu un secret de polichinelle de dire qu’entre Macky Sall et son successeur c’était devenu « le parfait amour ». Le SG de l’APR avait été accusé d’avoir délaissé son candidat Amadou Ba pour soutenir ses plus féroces opposants. La visite de Diomaye au palais deux jours avant sa prestation de serment, le discours conciliant de Sonko avec l’envoyé des 4P avaient confirmé ce que tout le monde savait déjà.
Appels d’offres pour les Directions, un leurre ?
Dans son programme électoral, et plusieurs fois rappelé lors d’interviews télévisées, Ousmane Sonko Premier Ministre et le Président Bassirou Diomaye Faye avaient promis d’instituer des concours et surtout « un appel à candidatures pour les postes de directeurs généraux ». Dans le programme du « Projet » Pastef, ce paragraphe y est bien présent. Lors du Conseil des ministres du 17 avril dernier, il avait été demandé au chef du gouvernement, Ousmane Sonko, de « préparer un projet de décret relatif à l’appel à candidatures pour certaines hautes fonctions dans les secteurs public et parapublic ». Le président de la République a également demandé au Premier ministre et au ministre en charge de la Fonction publique, Olivier Boucal, « de finaliser, dans les meilleurs délais, un projet de loi relatif à l’accès à la fonction publique, en vue d’assurer l’égalité des chances d’accès aux emplois et fonctions dans l’administration publique ». Bassirou Diomaye Faye avait procédé à plusieurs nominations de directeurs généraux de sociétés publiques et d’agences étatiques. Ces changements concernent notamment la Radiotélévision sénégalaise (Rts), l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), le Port autonome de Dakar, entre autres. Bis répétita lors du conseil des Ministres du Jeudi 2 Mai ou sept nouvelles nominations avaient été entérinées notamment au COUD, à l’ARTP, à la SOMISEN, au COSEC ou encore à la TDS SA. Ce reniement spectaculaire n’avait pas manqué de faire poser des questions aux acteurs. Cette panacée qui devait réformer l’Administration sénégalaise paraît être remise aux oubliettes. Pour l’heure, les responsables du Pastef n’ont apporté aucune explication à ce qui paraît être un reniement d’une promesse de campagne. Certains arguent d’une volonté de récompenser les personnalités qui ont mouillé le maillot pour le Projet. Mais le chef de l’Etat et son Premier ministre semblent se confronter à la réalité du pouvoir politique et aux exigences de la gestion des affaires publiques.
Cumul dans les fonctions
Lors de la lecture de la composition du Gouvernement, le Premier Ministre Ousmane Sonko, lui-même maire de Ziguinchor avait donné un mois aux ministres, pour se décharger de leurs fonctions de maire et de président de Conseil départemental. Personne, y compris lui-même, n’a encore adressé sa lettre de démission au ministre chargé des Collectivités territoriales au 30 Avril dernier soulignait Bes Bi. Officiellement, seul le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop a démissionné de la tête de la mairie de Sandiara. Ni Ousmane Sonko maire de Ziguinchor ni Maïmouna Diéye et encore moins Birame Souleye Diop, ne l’avaient encore fait, « Les services du ministre des Collectivités territoriales n’ont pas reçu leur démission. Pour qu’ils démissionnent, ils doivent se conformer au Code général des collectivités territoriales qui dispose : ‘’Les démissions des maires et adjoints sont adressées au ministre chargé des Collectivités territoriales par lettre recommandée, avec accusé de réception. Elles sont définitives à partir de leur acceptation par le ministre chargé des Collectivités territoriales ou un (1) mois après l’envoi d’une nouvelle lettre recommandée. Jusqu’à l’installation de leurs successeurs, les maires et adjoints démissionnaires continuent d’exercer leurs fonctions, à l’exception de celles prévues aux dispositions des articles 99, 121, 135 et 136 du présent code » renseignent nos collègues. C’est hier seulement que les ministres Birame Souleye et Yankhoba Diémé ont tous deux annoncé leur départ de leurs postes respectifs de maire et de président du conseil départemental de Bignona.
Biram Soulèye Diop, ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines, a choisi de quitter son poste de maire, mettant ainsi fin à sa fonction de maire de Thiès Nord. Il démissionne de son poste de maire de Thiès Nord, informe Ousseynou Ly, ministre-conseiller, porte-parole de la Présidence sur X. De même, Yakhoba Diémé, ministre du Travail et des Relations avec les institutions, a également démissionné de son rôle de président du conseil départemental de Bignona. Ousmane Sonko idem.
Marck DIOUF