Le Forum 2024 des Prévisions Saisonnières des caractéristiques Agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les zones Soudaniennes et Sahéliennes de l’Afrique l’Ouest (PRESASS, 2024) a été organisé à Abuja au Nigeria, par AGRHYMET Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (AGRHYMET CCR-AOS) du CILSS, en collaboration avec l’ACMAD, les services nationaux de météorologie et d’hydrologie (SNMH), l’OMM et les Organismes des Grands Bassins fluviaux Ouest africains. Une saison des pluies 2024 globalement humide est attendue sur la bande sahélienne, avec des dates de démarrage tardives à normales dans le Sahel Central et précoces à moyennes dans le Sahel Ouest et Est, des dates de fin tardives à moyennes, des séquences sèches courtes en début de saison dans le Sahel Ouest et moyennes à longues dans le Sahel Est et globalement longues vers la fin de la saison sur toute la bande sahélienne, et des écoulements globalement supérieurs aux moyennes dans les principaux bassins fluviaux du Sahel.
Des dates de début de saison normales à précoces sont prévues sur la façade Est de l’Atlantique couvrant le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, le Nord Sierra Léone et les parties Sud de la Mauritanie et du Mali. Ces dates de début de la saison agricole seraient tardives à moyennes dans le Sahel Central couvrant le Sud-est du Mali, le Burkina Faso, la moitié Ouest de la bande agricole et pastorale du Niger, Nord-est de la Côte d’Ivoire, les parties Nord du Ghana, Togo et Bénin et le Nord-ouest du Nigeria. Elles devraient être moyennes à tardives dans la partie Est de la bande agricole du Niger, le Nord-est du Nigeria et la zone agricole du Tchad. Selon le PRESASS 2024, des cumuls pluviométriques supérieurs aux moyennes à équivalents sont attendus sur les périodes Juin-Juillet-Août et Juillet-Août-Septembre 2024, dans les bandes agricoles du Tchad, du Niger, du Mali, de la Mauritanie, sur le Sénégal, la Gambie, le Burkina Faso, la Guinée Bissau et les parties Nord de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin, du Nigéria et du Cameroun. Les cumuls resteraient moyens à supérieurs aux moyennes en Juin Juillet-Août sur les parties littorales du Ghana, du Togo, du Benin et du Sud-Ouest Nigeria et 2 déficitaires sur la saison en Sierra-Leone, Liberia, et dans l’extrême Sud-est du Nigéria. Ailleurs, les cumuls pluviométriques seraient proches de la moyenne climatologique. Des dates de fin de saison globalement tardives à moyennes sont attendues sur les bandes sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad et des durées de séquences sèches courtes à moyennes sont prévues en début de la saison agricole, sur la partie Ouest des bandes sahélienne et soudanienne de l’Afrique occidentale, notamment sur le Sud Mauritanie, la moitié Sud du Mali, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, les parties Nord de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, et dans les parties Nord-ouest du Ghana et Ouest du Burkina Faso.
Sur la moitié Ouest du Burkina Faso, les zones agricoles du Niger et du Tchad, le Nordeste du Ghana et les parties Nord du Togo, du Benin et du Nigeria, les séquences sèches seraient moyennes à longues en début de saison. Vers la fin de la saison, des séquences sèches courtes à moyennes sont attendues sur la façade atlantique couvrant le Sud Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée et le Nord Sierra Leone, le Centre du Nigeria et les parties Nord du Bénin et du Togo. Les séquences sèches seraient en revanche longues à moyennes dans tout le reste de la zone couvrant le Sud Mauritanie, les parties agricoles du Mali, du Niger et du Tchad, le Burkina Faso et les parties Nord de la Côte d’Ivoire, du Ghana, et du Nigeria.
De manière spécifique, des écoulements supérieurs aux moyennes sont attendus dans le bassin de la Gambie, le haut bassin du Sénégal (au Mali, au Sénégal et en Guinée), le haut bassin du fleuve Niger (en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali), le Delta Intérieur du fleuve Niger (au Mali), les portions nigérienne et nigériane du bassin moyen du fleuve Niger, la Komadougou Yobé, le bassin du Logone, le haut bassin de la Volta (en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo et au Burkina Faso), la Comoé (en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso) et la Bandama (en Côte d’Ivoire).
Risques liés aux implications négatives de la saison des pluies
Les risques probables liés aux caractéristiques attendues de la saison des pluies 2024 peuvent être nombreux et variés selon les zones. Le caractère humide de la saison présage des risques importants d’inondations, de submersion donc de réduction des surfaces cultivables, de destruction des infrastructures (habitations, routes, marchés et écoles, etc.), de pertes des cultures et des fourrages, de noyade du bétail et des personnes humaines, de prolifération des germes de maladies hydriques et diarrhéiques (Choléra, Malaria, Dengue, Diarrhée, etc.), de pullulation de ravageurs des cultures, de pollution des eaux, de limitation des déplacements des personnes et des animaux, d’érosion hydrique des sols, d’éboulement, d’ensablement des cours d’eau, de Pullulation de mauvaises herbes, de pertes post-récolte, de pertes en vies humaines et animales, etc. Dans les zones où les dates de démarrage de la saison des agricoles seraient tardives et les séquences sèches longues, seraient aussi exposées à des risques de persistance de canicules et de vents chauds, de retard dans le retour des transhumants, de pertes de semis et des récoltes, de baisse de rendements agricoles, fourragers et de la pêche, de déficit alimentaire, de complication des crises alimentaires et nutritionnelles, d’inflation et de hausse des prix de denrées alimentaires, d’augmentation de la vulnérabilité, de perte du bétail et de baisse des prix des animaux, etc. La conjugaison de ces risques climatiques probables avec les situations de pauvreté et de vulnérabilité des populations, pourrait entrainer ou exacerber des situations de conflits fonciers liés à l’utilisation et au changement de l’utilisation des terres, des conflits entre éleveurs et agriculteurs, des conflits autour des infrastructures publiques, les tensions sociales et favoriser le désœuvrement des populations, la mendicité, les tensions sociales, les violences et l’insécurité civile (banditisme, terrorisme, etc.).
Boubacar Fall