Après ses propos sur les migrants subahariens jugés « racistes et haineux » par des ONG et militants pour la défense des droits humains, le président tunisien Kaïs Saïed a appelé, jeudi, à « veiller » sur les migrants originaires de l’Afrique subsaharienne séjournant légalement en Tunisie. Ce sont des propos censés contrebalancer la violence du discours de la veille. Le président tunisien Kaïs Saïed a appelé, jeudi 23 février, à « veiller » sur les migrants originaires de l’Afrique subsaharienne séjournant légalement en Tunisie. « Que les personnes qui sont en situation légale en Tunisie soient rassurées », a-t-il dit au cours d’une réunion avec le ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine, portant sur la situation sécuritaire dans le pays. Dans une vidéo publiée sur la page officielle de la présidence de la République, le dirigeant a également demandé aux responsables de l’État de « veiller sur nos frères de l’Afrique subsaharienne en situation légale ». « Hordes de migrants clandestins » Deux jours plus tôt, dans un discours, le président tunisien avait prôné « des mesures urgentes contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne et a tenu des propos très durs sur l’arrivée de « hordes de migrants clandestins », insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration. Kaïs Saïed a, en outre, soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin qu’elle soit considérée comme un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ». Des propos jugés « racistes et haineux » envers les Subsahariens par des ONG et militants des droits de l’Homme. « Ce discours provoque une grande déception et une grande consternation », a réagi auprès de l’AFP Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). « Ce discours raciste et haineux marque un jour triste. Le fait que le président d’un pays signataire de conventions internationales sur l’immigration tienne un tel discours est extrêmement grave », a-t-il souligné. « Nous craignons le pire » Pour le président Saïed, comme il l’a encore dit jeudi, ceux qui l’ont accusé de racisme « veulent la division et la discorde et cherchent à porter atteinte à nos relations avec nos frères ». Selon des chiffres officiels cités par le FTDES, la Tunisie, qui compte quelque 12 millions d’habitants, abrite plus de 21 000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, en majeure partie en situation irrégulière. En réaction aux propos du président Saïed, la société civile tunisienne organise une manifestation contre le racisme samedi 25 février. (infomigrants)
